Pourquoi c'est important Hanouka, la fête juive des lumières, débute sous haute protection

La fête juive d'Hanouka se déroule cette année du 7 au 15 décembre. Le ministre de l'Intérieur a demandé aux préfets de faire preuve « d'extrême vigilance » et de renforcer la sécurité des lieux de culte pendant cette période.

La rédaction avec AFP - Aujourd'hui à 06:50 - Temps de lecture :
Pendant la fête, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé « hanoukia », placé dans l'encadrement de la porte ou de la fenêtre. Photo d'illustration Sipa

Pendant la fête, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé « hanoukia », placé dans l'encadrement de la porte ou de la fenêtre. Photo d'illustration Sipa

Ce jeudi débute la traditionnelle fête juive de Hanouka. Les festivités, qui doivent durer huit jours, se déroule cette année dans un climat particulier, deux mois après l'attaque du Hamas contre Israël. Dimanche, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé à tous les préfets une « extrême vigilance » pour Hanouka, en rappelant le « niveau très élevé de la menace terroriste » en France. « J'ai demandé aux préfets de renforcer fortement la sécurité des lieux de culte juifs à l'approche de la fête de Hanouka », a indiqué le ministre de l'Intérieur sur X (anciennement Twitter).

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Un climat anxiogène

Cette fête « est l'une des plus joyeuses du judaïsme », déclare Elie Korchia, le président du Consistoire de France, tout en se désolant qu'elle se tienne cette année « dans un climat extrêmement anxiogène, avec une crainte d'attentat assez forte ». « Il faut qu'on continue à vivre normalement, sans tomber dans la psychose », assure-t-il toutefois. Hanouka est « un moment où on est visibles, donc potentiellement une cible. La question qui se pose c'est : faut-il maintenir ? est-ce que les gens viendront aux célébrations ? », s'interroge de son côté Samuel Lejoyeux, le président de l'Union des étudiants juifs de France.

Dans certaines régions, des fidèles ont déjà décidé d'adapter les célébrations face au contexte terroriste. Dans le Haut-Rhin, aucun allumage public de Hanouka n'aura lieu « compte tenu du contexte sécuritaire », a indiqué le consistoire israélite du Haut-Rhin, comme le rapporte L'Alsace.

Que célèbre Hanouka ?

La fête commémore l'une des grandes victoires de l'histoire juive quand, au IIe siècle avant notre ère, un petit groupe de Juifs reprit le Temple profané de Jérusalem. La minuscule fiole qu'ils trouvèrent alors pour rallumer le candélabre, qui devait tenir un jour, en dura en fait huit. Pendant huit jours donc, à la tombée de la nuit, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé « hanoukia », placé dans l'encadrement de la porte ou de la fenêtre.

Des célébrations maintenues

Mais la majorité n'entend toutefois pas céder à la peur. « La responsabilité est de tout faire pour ne pas offrir notre peur aux terroristes », estime Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). « J'en ai assez d'entendre dire que les juifs ont peur. La majorité de nos événements ont été assurés normalement. Certes, il y a une inquiétude, mais il y a la volonté de continuer une vie normale », rappelle le président du Consistoire de Paris Joël Merqui. « On a des bénévoles, on ne laisse pas entrer n'importe qui », dans les édifices, poursuit-il. L'accès à la grande fête organisée par le Centre européen du Judaïsme à Paris dimanche se fera ainsi uniquement sur « inscriptions obligatoires ».

Le Beth Loubavitch, mouvement orthodoxe juif, organise pour sa part des allumages publics, transportant chaque soir un candélabre géant sur diverses places parisiennes (République, Châtelet, Bastille...). Le planning posté sur son site internet prévoit que la quatrième bougie soit allumée dimanche sur le champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel.

À Paris, la communauté juive se montre aussi relativement sereine. « Je ne suis pas inquiet, on continue à vivre », assure Moché (il préfère ne pas donner son nom), 38 ans, dans le 19e arrondissement, où vit une importante communauté juive. Pas question de cacher le candélabre que les Juifs installent pendant une semaine à leur fenêtre pour Hanouka : « au contraire, ça rapproche de Dieu », ajoute-t-il. « On n'a pas peur, on n'a pas le choix », abonde Myriam, une commerçante, qui « ne changera rien pour Hanouka ».

Dans le 19e, Gérard Zerbibi, retraité venu acheter un livre, reconnaît que « pas mal de gens ont peur ». Mais lui non plus ne changera rien pour Hanouka. « Si quelqu’un lance une pierre à ma fenêtre, je changerai le carreau », assure-t-il, en insistant : « On a 3 500 ans d’histoire, on a tout vu, et on est toujours là ». « Qu’est ce qu'il peut m'arriver, au maximum ? Me faire tuer ? On finit tous par passer à la caisse », philosophe-t-il avant de lancer en souriant : « J’ai confiance en Dieu ».